Syndrome du taux de fréquence

Syndrome du taux de fréquence

Combien de CoDir, quand le sujet de la Sécurité y est abordé, focalisent uniquement sur le taux de fréquence des accidents survenus ?

Est-ce qu’ils agissent de la même manière en abordant le chiffre d’affaires et les marges associées, sans se soucier de la stratégie, des politiques en place, des plans d’actions définis et des problématiques rencontrées ? Peut-être que oui !

Viendrait-il à l’idée de chacun de conduire un véhicule en étant rivé uniquement sur les rétroviseurs ?

En fonction du niveau de maturité des organisations, on peut observer dans certaines entreprises une véritable tyrannie du taux de fréquence. Ce biais est renforcé par le fait que ces entreprises, pour la plupart d’entre elles, sont évaluées par leurs clients dans le cadre de l’attribution de marché, voire même que leurs clients exercent une pression considérable sur le terrain pour qu’il n’y ait pas d’accident (cas des entreprises de service).

Cela se manifeste par une pression exercée par le management sur les équipes opérationnelles, voire même par l’indexation du bonus des managers en fonction de leurs résultats sécurité.

Bien évidemment, l’effet obtenu est contreproductif car on n’agit pas sur les leviers permettant de créer de la performance, voire même en procédant de cette manière, on risque observer des attitudes néfastes consistant à dissimuler des événements ou mettre la pression pour transformer coûte que coûte les accidents avec arrêt en postes aménagés. Ces attitudes ont, en conséquence, un impact négatif sur la perception de la sécurité des équipes sur le terrain, témoignant que la sécurité n’est pas si importante pour le management et que seuls les chiffres comptent.

Certaines entreprises ont franchi le cap et ont commencé à s’améliorer en sécurité lorsqu’elles ont compris qu’il fallait mettre de côté le taux de fréquence (laisser cet indicateur de résultat en arrière-plan) et discuter des vrais problèmes, soit travailler les conditions amenant la performance.

Le CoDir étant l’instance de pilotage globale des politiques HSE de l’entreprise, son rôle est primordial dans l’atteinte de la performance. Bien évidemment, il doit veiller à l’adéquation de la stratégie avec l’ambition, et la décliner en objectifs opérationnels (sans oublier l’adéquation des ressources), soutenir une démarche de prévention cohérente (sans oublier le sens donné) et la remettre en question périodiquement, et suivre les indicateurs de surveillance du fonctionnement du système de management de la prévention.

Cela étant dit, tout n’est pas question d’indicateurs. Il est nécessaire de se préoccuper concrètement des activités de l’entreprise et des conditions dans lesquelles on les réalise. Pour ce faire, il est important de s’intéresser au moins autant au côté qualitatif qu’au côté quantitatif des éléments recueillis. Il n’est pas possible non plus que tout remonte jusqu’au CoDir. Afin que ce dernier ait une vision claire des problématiques rencontrées sur le terrain, une bonne pratique serait la réalisation périodique de visites managériales par tous les membres du CoDir. Non seulement ce type d’action renforcerait le leadership du management et donnerait de l’importance à la sécurité avec un impact positif sur les perceptions des équipes vis-à-vis de la sécurité, mais ces observations et échanges avec le personnel donneraient du grain à moudre au CoDir dans le but de rendre toujours plus efficace la démarche de prévention de l’entreprise, en travaillant notamment l’organisation, les process, les modes de management, et les conditions de travail…

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